Ces métiers interdits aux personnes diabétiques… Pour encore longtemps ?
Militaire, pilote, chauffeur, policier... Voit-on enfin le bout du tunnel quant à l’interdiction de certains métiers aux personnes vivant avec un diabète et une maladie chronique en général ? Une loi, votée fin 2021, devait faire bouger les lignes et assouplir l’évaluation de l’aptitude médicale. Un an plus tard, la déception est de mise. Les principaux intéressés, comme tous ceux qui se battent à leurs côtés depuis de longues années, doivent se résigner - une fois encore - à prendre leur mal en patience.
A l’automne 2021, tous les signaux étaient au vert pour qu’enfin les interdictions de principe restreignant l’accès des personnes vivant avec une maladie chronique à certaines professions deviennent un mauvais souvenir. Événement historique, une proposition de loi visant à réduire ces inégalités a été votée à l’unanimité le 6 décembre 2021 à l’Assemblée nationale (loi n° 2021-1575) relative aux restrictions d’accès à certaines professions en raison de l’état de santé, telles qu’hôtesse de l’air et steward, conducteur de train, marin, contrôleur SNCF, pompier, et plus généralement les métiers de l’armée, de la sécurité, de l’aviation civile et commerciale ou de la marine marchande. Élargie à l’ensemble des maladies chroniques, cette loi concernait au départ les personnes diabétiques. En substance, le texte convient que ces interdictions de principe ne prenaient pas suffisamment en compte l’évolution des traitements et établit "une appréciation médicale individualisée” qui tient compte des "possibilités de traitement ou de compensation du handicap”.
Adèle Béguin, responsable du service juridique de la Fédération Française des Diabétiques (FFD) estime qu’environ un tiers des sollicitations reçues à la FFD touchent la question des métiers “interdits”. Ce service accompagne chaque année de nombreuses personnes diabétiques confrontées à ce problème. La juriste prend la mesure de la situation : “Sur les 4 millions de diabétiques en France, nombreux sont ceux qui sont empêchés ou que l’on dissuade d’accéder à un métier en raison de leur maladie chronique, notamment dans les domaines de la sécurité et des transports.” Au total, en France, près de 15 millions de personnes vivent avec une maladie chronique, qu’il s’agisse d’affections comme le diabète, l’asthme, la sclérose en plaques, le SIDA, le cancer, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), ou de maladies plus rares comme les maladies génétiques.
Le principe de non-discrimination dans l’accès à l’emploi ou aux études pour les personnes vivant avec une maladie chronique est donc acté, mais quid de la réalité de terrain ? L’euphorie générée par cette avancée législative a depuis laissé la place à la perplexité.
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