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L’empire des chiffres : les statistiques du diabète en 1898.

Il y a quelques mois, nous entamions notre premier voyage dans le temps pour nous transporter dans les années 1940, où nous avons lu l’article d’un médecin belge. Remontons plus loin cette fois-ci. Nous sommes à la fin du XIXe siècle. Claude Bernard a mis en lumière le rôle du foie dans la glycogénèse et un certain Langerhans, en Allemagne, a identifié des ilots autour du pancréas qui produiraient une hormone ayant un effet de régulation sur le glucose dans le sang¹… En ce sens, et grâce à la méthode expérimentale, la maladie est de mieux en mieux comprise.

L’empire des chiffres : les statistiques du diabète en 1898.
Hôtel-Dieu de Lyon, vers 1855/Rijksmuseum.
  • Digression qui n’en est pas vraiment une, où on classe des trucs.

    C’est dans ce contexte que le Dr Victor Alix consacre sa thèse aux statistiques du diabète². Au cours du siècle, de nombreux soignants observent une augmentation des cas. Le Dr Alix se pose la question : n’est-ce pas là la conséquence logique du fait qu’on connaît et reconnaît de mieux en mieux la maladie ? Peut-être y avait-il autant de diabètes autrefois, mais qu’ils passaient inaperçus, faute d’un diagnostic ?

     

    C’est là qu’entre en scène Jacques Bertillon. C’est le frère d’Alphonse Bertillon, que les amateurs de true crime connaissent bien, puisqu’il a fondé un système d’identification des criminels (le bertillonnage) qui a eu une grande influence sur la manière dont fonctionne la police judiciaire aujourd’hui³. Jacques, lui, son truc, ce sont plutôt les chiffres. Et autant son frère classait les physionomies pour mieux identifier les criminels, autant lui a inventé une classification des… causes de décès. Ça n’a l’air de rien comme ça, mais c’est ce qui a inspiré la future Classification Internationale des Maladies (CIM).

     

    Ce qui l’inquiète, Bertillon, c’est que “la mortalité diabétique a sextuplé à Paris […] de 1865 à 1892". C’est vrai que ça fait un peu beaucoup. Le Dr Alix décide donc de mener l’enquête à Lyon, où il officie. Il explique qu’il va se baser uniquement sur les statistiques hospitalières et sur un temps assez large pour que ce soit significatif. Après une revue de la littérature et une analyse de ses propres statistiques, il tentera de donner un résultat sourcé et d’expliquer les différences entre ce résultat et les statistiques déjà connues. Alors, inflation des diabétiques ou pas ?

     

     

    ¹ Pour un petit tour d’hiorizon de l’histoire du diabète vous intéresse, direction ce très bon article de Gilles Kremer et Rosa Razafiarivelo sur Gallica, avec des liens menant à pas mal de documents historiques consultables en ligne.

    ² Pour consulter son travail, c’est aussi sur Gallica.

    ³ Par exemple, les photos de face et de profil quand on est arrêté par la police, c’est son idée à lui. 

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