Mutirão do Diabetes : un exemple de campagne sanitaire contre le diabète de type 2 au Brésil.
Les habitants de la ville d’Itabuna, située dans le Sud de Bahia, au Brésil, sont venus nombreux pour bénéficier des soins gratuits proposés par l’ONG Unidos Pelo Diabetes. Tests de glycémie, examens des pieds, fonds d'œil et opérations au laser, les 500 volontaires ont reçu et examiné pas moins de 1 500 patients en deux jours. Fondé en 2004 par le Dr Rafael Andrade, le “Mutirão do Diabetes” est aujourd’hui un exemple national de campagne sanitaire de prévention du diabète de type 2.
La plus grande campagne de prévention et de dépistage du diabète de type 2 au Brésil.
Les habitants viennent de toute la périphérie pour participer à la 18ème édition du “Mutirão do Diabetes”, un événement qui a érigé Itabuna au rang de “ville du diabète”. Aux abords de la salle des fêtes reconvertie en centre de santé pour l’occasion, les habitants sont d’abord séparés en deux files : d’un côté les personnes qui ont un diabète et de l’autre celles qui n’en ont pas. Après s’être inscrit, le patient qui n’a a priori pas de diabète fait un test de glycémie. Si sa glycémie est élevée, il rencontre alors un endocrinologue puis rejoint la zone des diabétiques, où il pourra poursuivre avec des examens approfondis des yeux et des pieds. Le patient dont la glycémie est dans la cible peut profiter de la foire et visiter les stands d’informations sur la nutrition, l'obésité, le soin des pieds, l’insuline ou encore les stands des partenaires, comme celui de la banque ou de l’hôpital de la ville.
La file s’allonge du côté des patients diabétiques sous un ciel gris qui menace de pleuvoir. Pour la plupart d'entre eux, c’est leur première consultation. Pour d’autres, le Mutirão est un rendez-vous annuel qu’ils ne manqueraient pour rien au monde. Il faut dire que le système de santé brésilien est bien différent du système français. Le Système Unique de Santé (SUS) garantit à tous les résidents brésiliens l’accès universel et gratuit aux services de santé. Il est considéré comme le plus large et le meilleur système de santé publique au monde. 180 millions de brésiliens en bénéficient. Mais le SUS a des limites. Le succès du Mutirão est le reflet de l’échec du système public de prévention du diabète. Fernando Malerbi, professeur affilié d’ophtalmologie à l’université à São Paulo s’en est bien aperçu lorsqu’il a étudié à Marseille : “En France, je voyais des patients qui consultaient un ophtalmologue et qui avaient déjà le traitement adéquat pour leur diabète. Ici, les patients qui consultent un ophtalmologue arrivent déjà trop tard. L’ophtalmologie doit pourtant faire partie des soins primaires du diabète.”
Les volontaires, des étudiants en médecine et en infirmerie d’Itabuna, mettent des gouttes dans les pupilles des habitants diabétiques pour les dilater. C’est le moment de faire le fond d'œil, un examen de la rétine indispensable pour dépister la rétinopathie diabétique. Un volontaire prend une photo de l'œil du patient à l’aide d’un objectif de pointe fabriqué par une entreprise brésilienne, et intégré à un téléphone portable. Grâce à une intelligence artificielle, l’outil est capable de détecter une rétinopathie diabétique en quelques secondes. Les photos sont directement envoyées au Professeur Fernando Malerbi qui détermine ensuite si le patient a besoin de voir un spécialiste ou non. “Le mutirão est une grande opportunité pour celles et ceux qui n’ont pas accès aux soins” nous confie Dilza, une habitante heureuse de faire ces examens. Pour les moins chanceux, une intervention au laser peut être nécessaire. Celle-ci a lieu le jour même sur place, dans une salle attenante. L’intervention ne dure qu’une petite dizaine de minutes. Miguel, âgé d’une soixantaine d’années, attend son tour avec appréhension. Jeudi, déjà 40 patients avaient pu bénéficier d’une intervention au laser.
“L’ophtalmologie permet d’examiner les biomarqueurs, des signes biologiques qui indiquent que quelque chose ne va pas dans notre organisme. La technologie d’aujourd’hui permet d'examiner la micro-circulation sanguine du patient à partir de son œil. Une petite altération peut nous permettre de détecter des maladies comme le diabète. C’est pour cette raison que l'œil est si important comme biomarqueur dans la médecine” explique le docteur Cristiano Caixeta et président du Conseil Brésilien d’Ophtalmologie.
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