Non, le prix de l’insuline n’est pas plafonné à 35 dollars aux États-Unis.
Pour T1International, l’insuline à 35 dollars est une fausse promesse. Dans cet édito, l’organisation américaine nous explique pourquoi et appelle à une véritable réforme législative.
En janvier 2024, les journaux américains titrent une nouvelle incroyable : l’insuline est à 35 dollars [environ 32 euros, ndlr] !
Le mouvement #insulin4all a remporté quelques victoires importantes récemment. Par exemple, les bénéficiaires de Medicare [assurance maladie gérée par le gouvernement fédéral des États-Unis pour les personnes âgées de 65 ans ou plus, ndlr] peuvent désormais payer certaines insulines à 35 dollars. Neuf insulines ont vu leur prix catalogue baisser. Plus de la moitié des États américains plafonnent d’une manière ou d’une autre le coût de l'insuline. Ces victoires ont été obtenues grâce aux combats des activistes qui luttent pour l’accès à l’insuline ces dix dernières années.Mais nous ne célébrons pas le plafonnement tant annoncé de l'insuline à 35 dollars pour tous. Parce que ce n'est pas vrai.
Malheureusement, l'insuline reste trop chère pour un trop grand nombre de personnes vivant avec un diabète aux États-Unis. Pour le dire simplement : l’insuline “plafonnée à 35 dollars" vantée par les gros titres n'existe tout simplement pas. Les médias et les politiciens parlent en réalité de coupons de réduction et de programmes d'assistance aux patients, c'est-à-dire d’aides financières proposées par les fabricants. Ces programmes ne sont pas nouveaux, ils existent depuis des années. Et pourtant, un personne vivant avec un diabète sur quatre continue de rationner l’insuline à cause de son coût.
Pour le dire simplement : l’insuline “plafonnée à 35 dollars" vantée par les gros titres n'existe tout simplement pas.
Les aides financières parrainées par les fabricants ne constituent pas une réponse à la crise des prix de l'insuline. Ils présentent de nombreux problèmes qui les rendent difficilement accessibles aux patients. Ces programmes varient considérablement et changent en permanence. Les patients sont mis en danger lorsque leurs conditions sont modifiées ou que leur offre est purement et simplement annulée.
Les programmes peuvent être onéreux et difficiles à utiliser pour les prescripteurs et les pharmaciens. Les professionnels de santé doivent parfois consacrer du temps et de l'attention à des formalités administratives complexes, ou alors ce sont les systèmes informatiques des pharmacies qui ne sont pas en mesure de lire les coupons. Par ailleurs, les fabricants peuvent recueillir toutes les informations qu'ils souhaitent sur les patients qui utilisent ces coupons, leur permettant ainsi de faire de la publicité directe auprès des patients (oui, c’est toujours légal aux États-Unis). Dans les formulaires de LillyCares, NovoCare et Sanofi Patient Connection, le demandeur doit renoncer à son droit à la vie privée.
Pour aggraver les choses, le recours aux coupons de réduction et aux programmes d'aide aux patients peut contourner les efforts visant à rendre plus accessibles les médicaments génériques ou biosimilaires plus rentables. En effet, ces programmes permettent souvent aux patients de passer à des insulines de marque, plus récentes, plus chères et toujours brevetées, une pratique appelée "product hopping". On a constaté que les coupons augmentent de plus de 60 % l'achat de médicaments de marque par rapport aux médicaments génériques et qu'ils augmentent les ventes de médicaments de marque plus récents.
Plutôt que de célébrer des "solutions" qui maintiennent le pouvoir entre les mains des grands laboratoires pharmaceutiques, nous avons besoin d'une législation qui garantisse que les prix soient réduits et restent bas, et que l'accès à l'insuline soit véritablement équitable pour tous.
Nous sommes nombreux à nous démener pour acheter de l'insuline au fur et à mesure que les nouvelles franchises se renouvellent [somme d'argent que le patient doit payer avant que son assurance ne l’indemnise. Au début d'une nouvelle année, ce montant est réinitialisé. Ainsi, si la franchise d'une personne assurée est de 1 000 dollars, au 1er janvier, elle devra payer au moins 1 000 dollars de sa poche avant que son assurance ne couvre ses frais, ndlr] et à être bouleversés par l'arrêt de l’insuline Levemir. Célébrer l'insuline à 35 dollars est irresponsable et dangereux alors que tant de personnes continuent à payer le prix fort sans assurance.
Vous avez du mal à faire face aux coûts de l'insuline et vous avez besoin d'aide ? Nous avons dressé une liste de ressources qui, nous l'espérons, pourront vous aider.
Pour plus d'informations, consultez notre guide politique.
Cet article a été traduit par Glucose toujours. Pour lire l’article original en anglais sur le site de T1International, cliquez ici.