Glucose toujours, le média qui en dit long sur le diabète

Une piqûre d’aventure.

Pour aller à l’autre bout du monde avec mon diabète dans les bagages - littéralement, entre les aiguilles, les lancettes, les cathéters, les bandelettes, les stylos, les flacons et les kilos de sucre, on peut dire que ça prend de la place - il m’aura fallu un tiers d’insouciance, un tiers de confiance et un tiers de persévérance. Le petit 0,1 qu’il reste ? Des rencontres au fil de l’eau, à chaque étape, jusqu’à ce que je sois sûre que je survivrai là-bas, en Birmanie.

Une piqûre d’aventure.
Palma de Toldi pour Glucose toujours
  • A vos marques, prêt, piquez !

    J’en rêvais, j’en rêvais tellement, avant même de savoir où ce pays était exactement. J’avais vu passer une offre de stage improbable sur Facebook, postulé aussitôt. Une semaine et un entretien plus tard, j’étais prise ! On m’attendrait dans quatre mois, fin août, à Yangon, pour six mois de stage. 

     

    Palma, on ne te laissera partir que si on est certains que tout se passera bien niveau diabète”. Mes parents se sont permis de me faire atterrir un peu, rapidement. Juste assez pour qu’au lieu de danser des pieds je danse des doigts sur mon clavier, en quête d’information. 

     

    Très vite, je me suis retrouvée sur le site de l’ambassade de France en Birmanie. Il y avait un contact, à qui j’ai envoyé un mail, et qui m’a redirigée vers un autre contact dans l’heure. Pas n’importe quel contact : un médecin français. Pas n’importe quel médecin français : probablement le seul de Yangon. Qui a répondu dans les cinq minutes, voire dans les quatre. Vivre avec un diabète à Yangon ? Oui oui, c’était possible. On pouvait trouver de l’insuline sur place, enfin pas tous les types d’insuline. Et les stocks dépendaient… de la météo. Les personnes diabétiques qu’il connaissait arrivaient généralement de France avec six mois d’insuline dans les bagages. Je n’avais qu’à faire comme eux. Et je pourrais ensuite déposer mon insuline dans la clinique où il travaillait, puisqu’ils avaient un générateur et que leurs frigidaires ne s’éteignaient pas à chaque coupure de courant.

     

    Coupure de courant ? … j’ai découvert plus tard qu’elles étaient aussi longues que fréquentes. Le réseau électrique birman n’est pas encore au top du top et dépend, lui aussi, de la météo. Il m’est arrivée de passer des nuits entières sans électricité. L’insuline - et moi avec - n’aurait pas survécu au réchauffement graduel du frigidaire. Qui ne servait d’ailleurs pas tant à garder au frais les aliments qu’à les protéger des fourmis qui vivaient dans les murs de l’appartement. En souvenir de ces chères amies à six pattes, je range encore régulièrement les paquets de chips dans le frigo. 

     

    C’était très simple. Il fallait amasser six mois d’insuline. Trouver comment les garder au frais pendant plus d’une vingtaine d’heures (pour les vols les plus courts), de mon frigidaire en France à celui de la clinique à Yangon. Passer la sécurité de l’aéroport en France. Croiser les doigts pour ne pas devoir ouvrir mes bagages pour sortir de l’aéroport en Birmanie. Trouver la clinique à temps dans le labyrinthe birman.

     

    Sim-pli-ssi-me.

     

    Les six mois d’insuline - comme de tout le reste - on les a eus parce que les pharmaciennes me connaissaient bien et n’ont pas attendu la validation de la SMEREP qui a gentiment envoyé un courrier chez mes parents, trois mois après mon départ (!), pour m’autoriser à emporter tout ce dont j’avais besoin. Elles se doutaient que je n’allais pas cesser d’être diabétique en changeant de pays. Et que je ne partais pas pour dealer des lancettes.

     

    Les vingt heures au frais ? C’est ma mère qui a trouvé la solution. Elle a racheté en espèce auprès d’une autre mère des glacières pensées pour le transport de médicaments. De grosses sacoches où les blocs d’eau glacée prendraient presque plus de place que mes petits flacons. Elles pourraient tenir jusqu’à trente heures, a-t-elle assuré, tandis que les billets changeaient de main. Un vrai deal de mamans, en plein jour, prêtes à tout pour que leurs enfants aillent s’accomplir à l’autre bout du monde.

     

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